
Depuis plusieurs mois, un nombre croissant de Sénégalais dénoncent un calvaire lié à l’obtention de visas Schengen. Malgré des dossiers jugés complets, les demandes sont systématiquement rejetées par les ambassades européennes, évoquant des motifs souvent considérés comme fallacieux. Cette situation, qui suscite colère et incompréhension, pose des questions sur la transparence et l’équité des processus de délivrance des visas.
Le refus des visas Schengen repose fréquemment sur l’argument que « l’objet et les conditions de voyage n’ont pas été justifiés », une justification standard utilisée par plusieurs ambassades. Pourtant, de nombreux demandeurs affirment avoir fourni tous les documents nécessaires. Un entrepreneur sénégalais a vu sa demande rejetée malgré des justificatifs solides. De son côté, une commerçante avec sept visas Schengen dans son passeport s’est également heurtée à un refus inexplicable.
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Certaines ambassades, comme celles de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne, remettent en cause l’authenticité des documents soumis, même lorsque ceux-ci émanent d’institutions reconnues. Une cadre bancaire avec plusieurs visas de longue durée a subi trois rejets consécutifs de la part de l’Allemagne, bien qu’elle ait présenté un dossier complet. Dans le cas de l’ambassade d’Espagne, les demandeurs se voient refuser leur visa malgré des réservations d’hôtel confirmées, un prérequis pourtant exigé par la procédure.
Les frais de dossier, non remboursables en cas de refus, constituent une autre source de frustration. Chaque demande coûte entre 80 et 90 euros (environ 60 000 FCFA), une somme conséquente pour de nombreux Sénégalais. À cela s’ajoutent parfois des frais supplémentaires pour obtenir un rendez-vous, atteignant jusqu’à 300 000 FCFA selon des témoignages. Ces coûts élevés, combinés aux rejets systématiques, renforcent l’idée que les ambassades utilisent ce système pour générer des revenus, ce que certains n’hésitent pas à qualifier d’« escroquerie institutionnalisée ».
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Une mobilisation politique et sociale
Face à cette situation, des voix s’élèvent pour dénoncer ces pratiques. La députée Ndialou Bathily a interpellé le gouvernement sénégalais, dénonçant des montants élevés pour obtenir un rendez-vous sans garantie de dépôt ou d’obtention du visa. Elle a exigé des éclaircissements sur ces frais annexes, estimant qu’ils constituent une barrière injustifiée pour les citoyens.
De son côté, le député et activiste Guy Marius Sagna, soutenu par un collectif de citoyens, a réclamé des mesures de réciprocité à l’égard des pays de l’Union européenne. Cette approche vise à rappeler aux ambassades européennes que les Sénégalais ne doivent pas être traités comme des citoyens de seconde zone dans leurs démarches administratives.
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Ce problème dépasse le cadre individuel et soulève des enjeux diplomatiques majeurs. Les autorités sénégalaises sont appelées à intervenir pour exiger une plus grande transparence des procédures. La mise en place de mesures de réciprocité pourrait également équilibrer les relations entre le Sénégal et l’Union européenne, envoyant un signal fort en faveur de la dignité et des droits des citoyens sénégalais.
En attendant, les frustrations s’accumulent et les Sénégalais continuent de faire face à des refus inexpliqués, malgré des efforts financiers et administratifs considérables. Une réforme en profondeur s’impose pour garantir une gestion plus équitable des visas et préserver les relations diplomatiques entre les deux parties.