
«Un pays asphyxié par une économie atone, ébranlé par la chute du pouvoir d’achat, le chômage massif, les suppressions abusives d’emplois, la hausse de nombreuses denrées et la répression brutale de toutes les forces progressistes en vue d’installer une dictature.» A l’Apr, le constat sur le pays précède l’appréciation du Plan de redressement économique et social (Pres). Lors de la conférence de presse d’hier, les camarades de Macky Sall sont d’abord revenus sur la forme. Le Pres «présenté par le Premier ministre -et dont le décryptage a été curieusement assuré par le président de la République dans un sinistre renversement de rôles constitutionnels- est la traduction concrète des errements et tâtonnements sans fin d’un pouvoir sans vision, sans cap et sans horizon clair», ont déclaré Pape Malick Ndour et les siens. Avant de dénoncer un «plan illégal». «Il l’est, d’abord, en s’érigeant comme référentiel de notre pays, en lieu et place du Pse, une loi de la République votée par l’Assemblée nationale. Il l’est, ensuite, parce que notre Loi fondamentale, notre Constitution, en son article 42, édicte, de manière claire et sans équivoque, que «le président de la République détermine la politique de la Nation». Or, des mots même du président de la République, «le Pres a été conçu par le Pm et ses équipes…».» Un troisième aspect pousse l’Apr à se conforter sur «l’illégalité» du Pres. Il s’agit «du cadre d’expression de l’exercice ! Cette démarche ridicule, devant un parterre d’affidés, participe de cette posture de défiance et de négation des institutions républicaines, clairement assumée par le pouvoir national- populiste».
Dans le contenu, l’Apr parle «d’ajustement structurel volontaire dont les conséquences seront catastrophiques pour les entreprises, les ménages». «Sous prétexte d’atteindre l’objectif de réduire le déficit à 3% en 2027, ce plan va asphyxier les travailleurs, les précaires, les artisans, les paysans, les femmes, les influenceurs… sans offrir aucune perspective en matière de sécurité sociale, d’accès à l’électricité, à l’eau potable, aux routes praticables, au crédit ou aux formations adaptées», estime l’Apr. Qui a listé les conséquences négatives dans «le transport, avec les taxes à l’importation et les droits d’accises ; les loisirs, à travers les jeux, et le tabac ; le monde rural, avec les taxes à l’exportation sur les produits agricoles et le foncier rural ; les actifs stratégiques de l’Etat pour l’essentiel déjà sous concession ; la cession des actifs fonciers, notamment en milieu rural ; la téléphonie, avec les taxes sur l’importation des téléphones, le registre Imei, les redevances sur les licences de téléphone».
Par ailleurs, l’Apr estime que les emprises des anciennes bases militaires françaises doivent être rétrocédées à l’Armée Sénégalaise, car étant stratégiques. L’Apr qualifie «d’irréaliste» la volonté de récupérer 600 millards Cfa du monde rural. Car «ce monde rural, qui concentre l’essentiel des terres du domaine national, est pauvre, vulnérable, et déjà privé des bourses de sécurité familiale qui assuraient pour beaucoup un filet de survie grâce à la vision sociale du Président Macky Sall (…) C’est une fiscalisation à outrance sans précédent. Car ceux qui seront incapables de payer deviendront des proies faciles pour les prédateurs fonciers. On prétend leur «donner un droit», mais en réalité, on organise leur dépossession future avec un risque réel de privatisation des zones de terroirs qui sont pour l’essentiel des terres à usage agricole et pastoral. Or la souveraineté alimentaire, tant proclamée et qui passe nécessairement par la sécurisation des terres arables, devient hypothétique».
Toujours concernant le monde rural, l’Apr accuse le gouvernement de sciemment cacher les chiffres de la campagne agricole pour dissimuler son «échec». «Les données statistiques révèlent que la production d’arachide pour la Campagne de commercialisation 2024/2025 est à 731 000 tonnes, soit une baisse de plus de 56% par rapport à l’année précédente où le chiffre était de 1 675 329 tonnes. Ceci, malgré l’augmentation annoncée en grande pompe de l’enveloppe de la campagne agricole qui serait passée de 100 à 120 milliards. A titre de comparaison, avec 100 milliards, la Campagne agricole 2023/2024 a permis de récolter 1, 6 million de tonnes d’arachide», a affirmé Pape Malick Ndour.
Concernant l’enveloppe totale du Pres, l’Apr évoque un «manque de sérieux». «Tantôt à 5667 milliards, tantôt à 6202 milliards. Cette différence de plus de 500 milliards montre l’absence de sérieux et l’amateurisme du régime. Globalement, tous les chiffres annoncés sont erronés, confus et contradictoires», explique l’Apr.
Par Malick GAYE – mgaye@lequotidien.sn