
Pape Malick Ndour, l’ancien ministre de la Jeunesse et Coordonnateur national des cadres de l’Alliance pour la République (Apr), a exprimé ses inquiétudes concernant le Plan de redressement économique présenté par le Premier ministre Ousmane Sonko. Selon lui, ce plan ne fera qu’accentuer la pression sur les ménages et le secteur privé, déjà fragilisés par une situation économique difficile.Par Amadou MBODJI –
Pape Malick Ndour fait part de ses inquiétudes après la déclinaison du Plan économique et social hier, par le Pm Ousmane Sonko. L’ancien ministre de la Jeunesse indique que ce plan ne fera qu’accentuer la pression sur les ménages et le secteur privé, déjà éprouvés par une situation déjà très difficile. «On nous a parlé de «redressement économique». On espérait un «nouveau souffle» pour les ménages, les industries, les importateurs, les commerçants, les agriculteurs. Mais à la sortie de la cérémonie de présentation, les deux principaux moteurs de notre économie : les ménages et le secteur privé, sont plus inquiets que rassurés», constate-t-il. Le pouvoir d’achat réduit à sa plus simple expression et le ciblage des subventions en rajoutent davantage aux difficultés, selon lui. «A cause de la baisse du pouvoir d’achat à venir du fait du ciblage des subventions, fin des exonérations fiscales dans les secteurs sensibles et pour les ménages principaux bénéficiaires directs ou indirects de ces exonérations. Matraquage fiscal généralisé, même les petites activités informelles seront traquées. Les ménages, déjà étranglés par le coût de la vie, se préparent à souffrir davantage. Hausse du prix de l’électricité, du carburant, du gaz butane pour les familles. Les entreprises, surtout les Pme et les Pmi, perdront confiance et freineront leurs investissements. Voilà la recette», mentionne Ndour. C’est un plan de redressement de la Vision 2050 qui a été présenté, en s’appuyant sur les arguments de Ndour. «En vérité, il nous a été présenté un plan de redressement de la Vision 2050, sur ses aspects budgétaires, sans mesures incitatives pour libérer la machine économique grippée par un an de tergiversations et d’amateurisme, sans cap. Pour rappel, cette œuvre de destruction économique accélérée a pour cause l’arrêt irréfléchi de milliers de chantiers dans le secteur du Btp en 2024, avec les pertes d’emplois y relatives ; un terrorisme fiscal sur les entreprises, avec une fréquence de contrôle qui ralentit leurs activités ; et une morosité économique sans précédent accentuée par les discours menaçants du Premier ministre envers le secteur privé et les investisseurs internationaux», fait-il savoir. «On attendait un cap, on a eu un choc ! On espérait un souffle, on reçoit un coup de massue ! A ce rythme, ce n’est pas une relance qui nous attend, c’est une récession punitive qui cache mal un plat amer qui nous sera servi», renchérit-il.
Il relève cependant une contradiction. «Concernant le Fmi, j’ai écouté le Premier ministre : son discours contraste avec les engagements pris. Je m’explique : depuis dix ans, le Fmi n’a jamais vraiment changé de refrain. Et à chaque fois, le Sénégal, avec le Président Macky Sall, a su coopérer avec intelligence et discernement. Trois exigences majeures du Fmi reviennent en boucle : réduire les subventions, même si cela écrase le pouvoir d’achat des populations ; tailler dans les exonérations fiscales, au mépris de toute logique sectorielle ou incitative à l’investissement ; et élargir l’assiette fiscale en ciblant sans ménagement le secteur informel et les activités émergentes», fait-il remarquer. «Sous Macky Sall : une résistance réfléchie», selon lui, avait été menée. «Sur la baisse des subventions, il a tenu bon, malgré la pression des bailleurs. Pourquoi ? Parce qu’il savait que toucher au prix de l’électricité, du carburant ou du gaz butane, c’était s’attaquer directement au quotidien des Sénégalais et à leur pouvoir d’achat. Sur les exonérations fiscales, il a réussi à travailler avec le Fmi en gardant comme boussole permanente la Vision du Pse et la protection sociale des populations, en faisant comprendre à nos partenaires que certaines incitations fiscales sont indispensables pour stimuler des secteurs stratégiques : l’agriculture, l’énergie, l’industrie ou l’immobilier social. Derrière chaque exonération, il y avait un projet, un emploi, une dynamique territoriale. Quant à l’élargissement de l’assiette fiscale, Macky Sall, en rapport avec les services du Fonds, l’a mené avec subtilité. Il n’a pas livré le secteur informel, ni les influenceurs en pâture. Il a su avancer sans casser, et fiscaliser sans terroriser les jeunes pousses, les petits commerces ou les entrepreneurs du numérique», indique-t-il. Le parti Pastef a, selon lui, accepté ce que Macky Sall avait refusé. «Et aujourd’hui, le parti Pastef, champion autoproclamé de la souveraineté, a fait ce que Macky Sall a toujours refusé : céder à toutes les injonctions du Fmi, sans filtre ni précaution. Sur les subventions, il annonce leur réduction. Il parle de «ciblage», de «justice sociale», de «rationalisation». En réalité, un transfert du fardeau vers les ménages, qui verront bientôt leur facture grimper avec, à la clé, des mécanismes d’ajustement pompeusement appelés «ciblage», mais qu’aucun pays africain n’a jamais réussi à mettre en œuvre efficacement. Sur les exonérations fiscales, c’est la «lutte sans merci» qu’il promet. Les secteurs les plus sensibles, agriculture, énergie, habitat social, seront mis à la diète fiscale, et les agents économiques les plus vulnérables, comme les ménages (principaux bénéficiaires directs ou indirects des exonérations fiscales), seront sacrifiés», surligne-t-il. Affirmant que sur «la fiscalité directe, c’est l’attaque généralisée : tout le monde devra passer à la caisse, même les influenceurs. Le cas Canal+ est révélateur : 9% de son chiffre d’affaires exigé par l’Etat, immédiatement répercutés sur les consommateurs par une hausse de 10% des forfaits abonnement, sans que l’Etat ne bronche. C’est le début d’une inflation généralisée».
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