Le régime fait feu de tout bois. C’est le temps de la radicalisation pour le pouvoir en place. Le Pm Ousmane Sonko a décrété la «tolérance zéro» à l’encontre des journalistes et chroniqueurs qui diffuseront de fausses nouvelles pour, dit-il, «salir l’honneur» des membres du pouvoir. Alors que le député Guy Marius a déposé une initiative sur la table de l’Assemblée nationale consistant à mettre en accusation l’ancien Président du Sénégal, Macky Sall, pour haute trahison. Par Amadou MBODJI – 

Le pouvoir en place opte pour la radicalisation. En témoigne la sortie du Pm à l’Assemblée pour répondre aux questions des députés. Le chef du gouvernement y avait décrété la «tolérance zéro» vis-à-vis des chroniqueurs et journalistes qui vont s’illustrer à travers la diffusion de «fausses nouvelles» à l’encontre du régime actuel. Les critiques des journalistes et chroniqueurs sur la gestion du pouvoir sont assimilées par le régime à des «attaques» à son encontre. «Allergiques» aux critiques, les tenants du pouvoir sont accusés de chercher «à restreindre» les libertés démocratiques, avec l’arrestation de chroniqueurs et journalistes comme Pierre Simon Faye de D-Média, placé sous contrôle judiciaire.
Après l’adoption controversée de la loi interprétative de la loi d’amnistie, le régime actuel se signale encore une fois par l’introduction, sur la table du président de l’Assemblée nationale, d’une résolution pour une mise en accusation de l’ancien Président Macky Sall. Une initiative portée par le député Guy Marius Sagna, qui a besoin du vote de 99 députés pour être adoptée. Ce qui ne saurait tarder dans la mesure où la majorité dispose de 130 députés. Une fois cette initiative votée, est-ce que le régime en place parviendra à traduire en Justice l’ex-Président du Sénégal que les tenants du pouvoir et leurs partisans ont toujours accusé de mauvaise gestion des deniers publics ? L’avenir nous en édifiera. En plus, le pouvoir en place multiplie les sorties en disant que c’est au Peuple de faire la pression sur la Justice. Après le Président Bassirou Diomaye Faye, le premier en à faire écho lors de son face-à-face avec la presse sénégalaise au lendemain de son discours à la Nation, c’est au tour de son Pm de lui emboîter le pas. Lors de son dernier passage à l’Hémicycle, Ousmane Sonko avait dit que la Justice ne doit pas être celle des magistrats, mais la Justice du Peuple, parce que les décisions judiciaires sont rendues au nom du Peuple.
«Pourquoi on peut mettre la pression sur le président de la République, sur le Premier ministre, et le Peuple, au nom duquel la justice est rendue, n’a pas le droit de dire qu’il y a des problèmes dans le fonctionnement de la Justice ?», avait dit le chef du gouvernement.
Par ailleurs, après avoir subi plusieurs interdictions de sortie du territoire, l’ancien ministre Mansour Faye s’est vu notifier cette interdiction par les autorités.
Et l’on se demande si l’on ne va pas prochainement vers la convocation à la Haute cour de justice, des ministres de la République sous l’ancien régime. En attendant d’y voir plus clair, il faut signaler que la Division des investigations criminelles (Dic) a carburé, ces derniers jours, à plus de 100 km/h, avec l’arrestation de hauts fonctionnaires. Et c’est pour démasquer les personnes supposées avoir détourné l’argent du Fonds de riposte contre le Covid-19.
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