Les rideaux de la saison 5 de la Bal sont tombés, le 15 juin dernier, avec le sacre historique d’Al-Ahli Tripoli de Jean-Jacques Boissy. Un «Final 8» qui a eu comme cadre la somptueuse salle du SunBet Arena de Pretoria, en Afrique du Sud. Un stadium sous format Naming, à l’image du Bk Arena de Kigali. D’où la question : qu’attendent les autorités sénégalaises pour mettre en Naming le Dakar Arena ? Des démarches dans ce sens ayant été initiées sous l’ancien régime, mais sans suite.Par Hyacinthe DIANDY – 

Le Naming de stade est un partenariat entre un club sportif (ou autre structure étatique) et une entreprise désireuse de gagner en notoriété. Cette pratique a vu le jour en janvier 2011 en France : il s’agit pour une entreprise de rebaptiser le nom d’une enceinte sportive en y accolant son nom. Le Naming offre une visibilité accrue, une image positive associée au sport et la possibilité de toucher un public large et passionné. De plus en plus, cette forme de partenariat est en vogue, car elle offre des avantages financiers et marketing non négligeables.
En Afrique, cette tendance fait petit à petit son bonhomme de chemin. A l’image, entre autres exemples, des salles de basket du Bk Arena de Kigali et le SunBet Arena de Pretoria. D’ailleurs, c’est ce complexe sud-africain (propriété du groupe hôtelier et de jeux Sun International) qui a abrité le «Final 8» de la saison 5 de la Bal avec le sacre historique, le 15 juin dernier, d’Al-Ahli Tripoli de Jean-Jacques Boissy.
Evidemment, avec le Sénégal qui a aussi son Dakar Arena, on est en droit de se demander quand verra-t-on le bijou de Diamniadio en format Naming.
Arrêtons-nous sur le Bk Arena de Kigali pour rappeler que le Président du Rwanda s’est inspiré du Sénégal pour construire lui aussi «son» Arena d’une capacité de 10 000 places. D’ailleurs, Paul Kagame est allé plus loin, en s’inspirant du Stade Abdoulaye Wade, pour construire aussi chez lui un stade de dernière génération, par la même entreprise turque, Summa, qui a sorti de terre les deux complexes de Diamniadio.

Bk Arena Kigali : partenariat de 6 ans pour plus de 7 millions de dollars
Aujourd’hui, en matière de «marketing infrastructurel», le Rwanda a largué le Sénégal qui l’a pourtant inspiré. Conscient des problèmes de gestion et de maintenance des infrastructures sportives, le Président Kagame, qui vend aussi très bien son «Visit Rwanda», s’est mis en mode Naming en offrant la gestion de Kigali Arena à une banque, la Bk.
En effet, en mai 2022, la salle de basket du Kigali Arena, inaugurée en 2019, est devenue Bk Arena. Un changement de nom qui survient à l’issue d’une collaboration entre les autorités rwandaises, la structure financière Bk Bank Group Plc et Qa Venue Solutions. Les différentes parties ont depuis signé un partenariat de 6 ans d’une enveloppe de plus de 7 millions de dollars (soit près de 4 milliards Cfa), pour rendre encore plus attractive l’infrastructure.
Une collaboration saluée à l’époque par le directeur et manager de Venue Solutions, Kyle Schofield. «Nous avons pour ambition de rendre la salle Kigali Arena plus attractive. Au-delà du basket, à l’image de la Basketball Africa League qui organise des événements sur place depuis deux ans, nous avons pour objectif d’inclure toutes les fédérations et disciplines», avait-il souligné, au micro de notre envoyé spécial.
Pourtant, dans la même période, Le Quotidien avait appris que des négociations avaient été entreprises avec les autorités sénégalaises pour la gestion en format Naming de Dakar Arena avec ses 15 000 places, mais sans suite. D’ailleurs, c’est le Sénégal qui a été ciblé en premier, avant que le Rwanda ne mette les bouchées doubles pour finalement trouver un accord avec Venue Solutions.

Mobilisation : le Dakar Arena devance Bk Arena de Kigali et SunBet Arena de Pretoria
Avec une capacité plus importante de 15 000 places, Dakar Arena offre plus de possibilités que Bk Arena, qui ne dispose que de 10 000 spectateurs, et aussi le SunBet Arena (propriété privée) avec ses 8500 places assises, 10 000 au plus.
D’ailleurs, le dernier tournoi de la Bal, la Conférence Sahara, l’a prouvé en matière de mobilisation, avec au total près de 48 000 spectateurs sur l’ensemble des matchs, selon les organisateurs.

La balle dans le camp de la Sogip et des autorités
Au moment où la gestion et la maintenance des infrastructures au Sénégal sont devenues une vraie équation, poussant même les autorités à créer des structures comme la Sogip et l’Office national de gestion des infrastructures sportives (Ogis), il reste maintenant à avoir une démarche plus agressive et audacieuse, en optant pour le format Naming, avec un premier test au Dakar Arena. Qui attire du fait que la capitale sénégalaise reste une destination prisée de par sa position géographique.
Une démarche, il est vrai, qui mérite réflexion sur sa faisabilité au regard, entre autres, de notre environnement économique. Mais, il va falloir trouver une alternative sur la manière de rentabiliser nos infrastructures sportives, surtout avec la réhabilitation du Stade Léopold Senghor, géré par le ministère des Sports. Une remise en service du complexe des Parcelles Assainies qui va forcément impacter le Stade Abdoulaye Wade qui exige beaucoup d’argent pour sa maintenance.
La balle est dans le camp des autorités et surtout de la Sogip. D’ailleurs, son Directeur général, Dame Mbodji, lors de ses différentes sorties, n’avait pas exclu cette forme de partenariat qui pourrait permettre à sa structure de souffler financièrement.
hdiandy@lequotidien.sn