
La question de l’alliance entre les groupes djihadistes et les rebelles indépendantistes dans le nord du Mali a récemment pris un tournant inquiétant, avec la diffusion d’un message vocal d’Alghabass Ag-Intalla, leader de la rébellion séparatiste touareg et arabe. Dans cet enregistrement de 88 minutes, il évoque des discussions avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), une coalition djihadiste affiliée à Al-Qaida, mettant en lumière l’importance d’un rapprochement entre ces factions.
Cependant, pour concrétiser cette alliance, il est nécessaire d’avoir des intermédiaires capables de gérer les ressources et d’opérer dans l’ombre. C’est ici qu’intervient Kemi Seba, une figure controversée dont les thèses panafricanistes séduisent une jeunesse en proie à la misère, notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger.
Des sources fiables ont identifié, en mai 2024, un émissaire proche d’Alghabass Ag-Intalla comme l’un des contacts de Kemi Seba. Selon nos informations, Seba jouerait un rôle clé en tant que « pigeon blanc » dans un réseau de passeurs de fonds destiné à soutenir des activités terroristes. Dans un contexte où les États renforcent leur contrôle sur les transactions financières, son implication pourrait s’avérer cruciale.
Les autorités ivoiriennes, de leur côté, ont récemment gelé les avoirs de 29 individus soupçonnés de financement et de participation à des groupes terroristes. Un décret, en vigueur depuis fin août 2024, impose des sanctions financières sévères aux personnes suspectées de soutenir le terrorisme. Ce durcissement des mesures représente un coup dur pour les réseaux djihadistes, qui cherchent désespérément des voies de contournement pour financer leurs opérations au Sahel.
En août dernier, un appel intercepté entre Ag-Ahmad, un proche d’Iyad AG Ghali, un leader influent des groupes rebelles du Sahel, a révélé des discussions potentiellement liées à la mise en place du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA). Les détails de cet échange restent flous, mais il est évident que les connexions entre les rebelles et les islamistes se renforcent.
Kemi Seba, en tant qu’acteur clé dans le blanchiment d’argent dans la région, pourrait avoir des implications significatives sur les dynamiques de pouvoir entre ces factions concurrentes. Avec la montée des tensions suite aux récents affrontements militaires à Bamako, des émissaires des deux camps se rencontrent régulièrement, faisant planer la menace d’une union entre ces mouvements.
Cette enquête soulève des questions cruciales sur le rôle de Kemi Seba dans un réseau de soutien aux activités terroristes au nord du Mali. Alors que la situation sécuritaire se détériore, la nécessité d’une vigilance accrue et d’une action déterminée contre les financements illicites devient plus pressante que jamais.