Le chroniqueur Bachir Fofana a été écroué hier pour diffusion de fausses nouvelles et sera jugé mercredi en procédure de flagrant délit. Le Rassemblement des travailleurs africains Sénégal/Péncoo Réew (Rta-S) voit à travers l’arrestation du journaliste et des autres, un indicateur qui atteste que la démocratie et la liberté d’expression se portent mal au Sénégal.Par Amadou MBODJI – 

Bachir Fofana a passé hier sa première nuit en prison. Il a été placé sous mandat de dépôt par le procureur de la République pour diffusion de fausses nouvelles et sera jugé mercredi, sauf renvoi par le Tribunal des flagrants de délits de Dakar. C’est la suite de sa garde à vue, après son audition par la Division de la cybersécurité mercredi.
Cette arrestation a suscité une vague de réactions indignées. Le Rassemblement des travailleurs africains Sénégal/Péncoo Réew (Rta-S) voit à travers cette situation que la démocratie et la liberté d’expression font l’objet de restrictions au Sénégal. «La démocratie a mal, la liberté a très mal au Sénégal ! Après Abdou Nguer, Moustapha Diakhaté, la dictature rampante, qui happe tout ce qui bouge dans le sens de dénicher et mettre à nu les dérives autocritiques du régime Diomaye-Sonko et ses affidés, vient de s’illustrer encore de fort belle manière avec l’arrestation de Bachir Fofana.
Tous ceux qui suivent cet homme, journaliste et chroniqueur du journal «Le Quotidien» savent qu’il a pour souci constant d’honorer sa profession en respectant sa déontologie : s’en tenir aux faits, rechercher la vérité et la livrer à ceux qui ne savent pas, les éclairer sur ce qui se passe dans notre pays par des analyses pertinentes, loin de toute spéculation oiseuse», fait remarquer le Rta-S à travers un communiqué. «Dans un contexte où le mot d’ordre est d’effacer journalistes, chroniqueurs et politiques opposés à la gouvernance du parti Pastef, les hommes de l’art sont les victimes désignées pour nourrir le monstre qui ne peut survivre autrement que par la répression de toute liberté de penser et de dire la vérité», souligne le communiqué. Le Rta-S regrette cette tentative de réduire les voix discordantes à leur plus simple expression. «Avec l’arrestation de l’auteur des «Contrepoint» du Quotidien, nous avons une indication de plus de la volonté impitoyable de ce régime d’étouffer toute voix discordante, de briser le courage qui naît de l’oppression qu’il fait subir aux populations, d’anéantir toute capacité d’indignation des citoyens encore debout et prêts à révéler, affirmer et sauvegarder la vérité dont Bachir Fofana s’est fait le défenseur obstiné», insiste le Rta-S. Pour Momar Samb, vouloir bâillonner la démocratie est une entreprise vouée à l’échec. «Mais, c’est peine perdue. Car, quand on aura défait tous les courages de ce pays, il poussera encore et toujours des indignés prêts à aller à l’assaut de la peur que l’on veut faire pousser sur cette terre nôtre. Et quand on aura essayé toutes les terreurs pour brûler la détermination des hommes et des femmes de ce pays, des cendres, il naîtra toujours des cuirs pour battre au rythme des aspirations à la liberté chèrement acquise dans ce pays, nôtre», prévient cette formation politique. Le Rta-S se montre solidaire de Bachir Fofana en réclamant sa liberté : «C’est pourquoi nous du Rta-S exprimons à Bachir Fofana tout notre soutien militant et demandons aux défenseurs de la liberté d’expression, de la démocratie de se lever pour dire non ! Il faut cesser d’arrêter les défenseurs de la République qui n’ont pour armes que leurs mots pour ce combat de préservation de la dignité humaine.»
ambodji@lequotidien.sn