
Siteu va s’éloigner de l’arène et de toute autre activité pour une durée de deux ans. Une décision de suspension venant de l’Organisation régionale antidopage (Orad) et qui est lourde de conséquences, surtout pour l’avenir du lutteur de Diamaguène.Comme alternative, Siteu, qui n’a pas exploité son droit de recours, peut cependant déposer une demande de grâce ; mais à condition qu’il purge au moins la moitié de sa suspension.Par Hyacinthe DIANDY –
La suspension de Siteu pour deux ans continue de faire bouillir l’arène, en alimentant les débats chez les acteurs de la lutte et autres observateurs.
Des débats qui tournent en général autour de la sévérité de la sanction, du timing (décision tombée en plein face2face et à 3 semaines du combat). Certains même poussant le bouchon jusqu’à remettre en cause la légalité de la décision pour une discipline comme la lutte avec frappe, reconnue seulement au Sénégal. En guise d’éclairages, Le Quotidien a accroché un membre de l’Organisation nationale antidopage du Sénégal (Onads).
«D’abord, il faut préciser que cette sanction ne vient pas de l’Onads, mais de l’Orad (Organisation régionale antidopage Afrique zones 1 et 2). Nous n’avons fait que transmettre la décision au Cng de lutte pour exécution», explique d’emblée notre interlocuteur, qui a souhaité garder l’anonymat.
Siteu et son entourage étaient au courant de tout, mais ils n’ont pas bougé
«Maintenant par rapport au processus qui a conduit à cette suspension, il faut savoir, et c’est important, que Siteu et son manager étaient au courant de tout. Ils étaient informés de la première sanction du 8 mai 2025 et du délai pour faire un recours. Mais curieusement ils n’ont pas bougé. Ce qui est grave pour un lutteur qui évolue dans un milieu professionnel», soutient-il. Avant d’être catégorique par rapport au timing : «La structure régionale qui a sanctionné Siteu ne se fie pas aux programmes au niveau local de ses Etats membres. Comme le dit l’adage : le temps de la justice n’est pas celui des hommes. En signant un contrat avec le promoteur, le manager de Siteu savait très bien que son lutteur avait un dossier à l’Orad et qu’il était sous la menace d’une suspension.»
Exiger que les lutteurs soient assistés de juristes
Qu’en est-il de la sévérité de la sanction ? «Mais il faut savoir que les faits sont graves. D’abord vous refusez de vous soumettre à un contrôle antidopage, contrairement à votre adversaire. Après vous avancez des explications qui ne tiennent pas la route. Pire, on vous offre une possibilité de recours, vous ne l’exploitez pas. Forcément de tels manquements aboutissent à une lourde sanction. Prenons l’exemple du footballeur Diao Baldé Keïta. Il a été sanctionné en 2022 pour un simple retard à un rendez-vous pour un contrôle antidopage. Ça ne badine dans ce genre de cas. Et d’ailleurs si son manager a été aussi sanctionné, c’est parce qu’il a une grosse responsabilité dans cette affaire. Et cela repose le débat sur le profil des membres de l’encadrement des lutteurs. Et d’ailleurs si j’étais à la place du Cng, j’aurais même exigé un juriste dans l’entourage des lutteurs. On a vu le cas de Zarco.»
Peu importe la discipline, la priorité c’est la santé de l’athlète
Par rapport au timing dénoncé par certains, notre interlocuteur argumente : «J’entends en effet certains parler du timing, en dénonçant le fait que la sanction soit tombée en plein face2face et à quelques semaines de la date du combat. Mais ces gens oublient que les programmes de compétitions au niveau des Etats membres ne lient pas l’Orad. Et je les renvoie à l’adage qui dit : le temps de la justice, n’est pas le temps des hommes. Ceux aussi qui s’agrippent à l’argument selon lequel la décision est illégale car concernant la lutte avec frappe, reconnue seulement au Sénégal, je leur fais comprendre que l’Orad est là pour s’occuper d’abord de la santé des athlètes, peu importe la discipline, reconnue ou pas. Ils oublient aussi que Siteu pratique le Mma.»
Evidemment, les conséquences sont lourdes au lendemain de cette suspension. D’abord pour les amateurs, mais surtout pour le promoteur avec le lourd préjudice financier qu’il va subir, et qui est obligé de trouver un autre adversaire pour Balla Gaye.
En cas de non-respect de la suspension, l’Ama ne sanctionne pas les athlètes, mais les Etats
Il y a aussi l’avenir de Siteu qui est en jeu. «Siteu a grillé toutes ses cartes en ne faisant pas appel, après la décision du 8 mai 2025. Maintenant la seule alternative qui s’offre à lui, c’est de déposer une demande de grâce. Mais là aussi, ce ne sera pas automatique. Il doit attendre de purger au moins la moitié de sa suspension (un an) qui a débuté en novembre 2024. En clair, il faut attendre à partir de novembre prochain pour une éventuelle demande de grâce. Mais là aussi, tout va dépendre de son comportement et de sa communication. Et là je pense à son manager qui continue à faire des sorties inopportunes. Maintenant en cas de non-respect de la sanction, ce sera plus grave. Car son dossier va monter au niveau supérieur, sur la table de l’Ama (Agence mondiale antidopage). Et quand l’Ama s’en mêle, ça devient encore plus grave. Car l’Ama ne sanctionne pas les athlètes, mais les Etats.»
hdiandy@lequotidien.sn