
A peine installée, la 15e Législature s’est heurtée à une urgence institutionnelle : faire voter le budget 2025 en un temps record. Ce fut fait, en adoptant plusieurs projets et propositions de loi clés du pays. A la manœuvre, El Hadji Malick Ndiaye, président de l’institution, qui affirme que ce vote, «effectué dans le respect strict du calendrier légal, est le fruit d’un Parlement mobilisé, responsable et conscient de son rôle».Par Ousmane SOW –
L’Assemblée nationale a clôturé sa session ordinaire unique de l’année 2024-2025. Et c’est une clôture inhabituelle que l’Hémicycle a connue ce lundi. En effet, des invités de marque de la sous-région ont pris part à l’événement : Fabakary Tombong Jatta, président de l’Assemblée nationale de la Gambie, Mohamed Bamba Ould Meguett de la Mauritanie et Abdel Fassi-Fihri, représentant du président de la Chambre des représentants du Maroc. «Pour la première fois dans l’histoire du Parlement sénégalais, les députés marquent la clôture de la session unique par une cérémonie officielle à laquelle sont conviés des autorités de la République et des parlementaires de pays frères de la Cedeao. Cette initiative du président de l’Assemblée nationale, El Hadji Malick Ndiaye, et de son équipe est la preuve d’une institution parlementaire dynamique et ancrée dans la volonté d’une coopération parlementaire conformément aux principes de politique d’intégration africaine», a salué le ministre du Travail et des relations avec les institutions, Abass Fall. Président de l’institution, El Hadji Malick Ndiaye a profité de l’occasion pour poser un regard lucide sur les défis institutionnels et les réformes engagées depuis l’installation de la 15ᵉ Législature en décembre 2024. «Nous avons dû faire face à une urgence institutionnelle : le vote du budget 2025 dans des délais extrêmement serrés. Grâce à la mobilisation exemplaire des commissions, à la rigueur du Bureau, nous avons relevé ce défi avec succès. Ce vote, effectué dans le respect strict du calendrier légal, est le fruit d’un Parlement mobilisé, responsable et conscient de son rôle», a-t-il expliqué, évoquant une mobilisation «exemplaire» des députés. Pour rappel, la session, qui a pris fin hier, a permis l’examen de plusieurs projets de loi relatifs à la réglementation bancaire, à la microfinance, ainsi qu’à la ratification de conventions concernant les personnes détenues, le projet de loi portant révision de la Constitution et dernièrement le projet de loi portant révision de la loi organique, entre autres. «Ces projets et propositions de loi visent à doter le gouvernement de leviers de gouvernance efficaces pour bâtir un Sénégal souverain, juste et prospère ancré sur des valeurs fortes», a souligné l’ancien député, Abass Fall. Et El Malick Ndiaye de rappeler aussi dans son discours, que ces textes devenus «obsolètes», règlements administratifs, financiers et statut du personnel ont été également revus pour «garantir une meilleure efficacité institutionnelle». Le règlement financier, datant de 1963, constituait, selon lui, «une entrave à la bonne gouvernance». Aujourd’hui, assure-t-il, l’Assemblée se dote «d’une base solide pour une action efficiente et responsable». El Malick Ndiaye a également rappelé que des missions inscrites dans la Constitution depuis 2016, comme l’évaluation des politiques publiques, étaient restées lettre morte. Désormais, deux commissions mises en veille depuis plus de 30 ans, celle de la comptabilité et du contrôle budgétaire, et celle des délégations ont été réactivées. «Ces avancées concrètes consacrent un Parlement plus exigeant, plus transparent et plus redevable», a-t-il soutenu.
Un Parlement plus proche, plus moderne
Dans un élan de proximité avec les citoyens, El Hadji Malick Ndiaye a également levé le voile sur un projet de tournée parlementaire intitulé
«Le parlement chez vous», une tournée nationale dans les 14 régions du Sénégal. L’objectif ? Recueillir les doléances des populations, les compiler dans un rapport qui sera transmis à l’Exécutif, afin de nourrir la préparation de la prochaine loi de finances. «Il ne s’agit nullement d’une remise en question des vacances parlementaires, mais d’un engagement supplémentaire au service du Peuple. Nous avons engagé une transformation profonde : une Assemblée plus moderne, plus responsable, plus proche du Peuple», a-t-il précisé. Autre innovation pour El Malick Ndiaye, l’intégration de la chaîne parlementaire dans le nouveau Règlement intérieur. Pour le président de l’Assemblée, elle ne sera pas un simple média, mais «un outil pédagogique, un levier de transparence et un pont entre le citoyen et l’Assemblée». Représentant le gouvernement, Abass Fall a salué cette volonté de rupture, affirmant que le gouvernement agira «pour les intérêts de notre Peuple, dans l’immédiat, mais aussi pour la postérité».
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