Me Aïssata Tall Sall, qui a défendu la loi d’amnistie du 13 mars 2024 à l’Assemblée nationale en tant que ministre de la Justice, Garde des sceaux, était l’invitée de Mnf sur la 7Tv, mercredi soir.

Profitant de cette tribune, Aïssata Tall Sall est revenue sur cette loi que le député Pastef Amadou Bâ veut faire interpréter. Elle juge cette interprétation immorale, rappelant que Pastef s’y était opposé auparavant, y compris durant la dernière campagne électorale. «Quand Thierno Alassane Sall a proposé d’abroger cette loi, pourquoi ne l’ont-ils pas soutenu ? Ce sont eux qui ont peur de l’abrogation», déclare-t-elle. Elle estime également que cette loi est dangereuse, car elle risque de diviser la société. «S’ils excluent les manifestations politiques pour ne retenir que certaines motivations, c’est qu’ils veulent épargner certains. Ils oublient que les Forces de défense et de sécurité servent la République.»

Comme elle l’a dit lors du vote de la loi en 2024, elle a soutenu que «les assassinats et les meurtres sont couverts par la loi d’amnistie». «On a dit toutes infractions criminelles ou délictuelles en rapport avec les manifestations politiques violentes qui ont eu lieu entre le 1er février 2021 et le 25 mars 2024.» Toutefois, Me Aïssata Tall Sall a fait savoir que les actes de torture ne sont pas couverts par la loi d’amnistie. «On m’a demandé si la torture en fait partie, j’ai dit non. La torture est punie par la loi, et continuera d’être punie par la loi. Pour deux raisons : la première, dans la loi, la torture ne peut pas en faire partie, parce qu’on parle de manifestations politiques. On parle de torture quand quelqu’un est arrêté et une fois au commissariat ou à la gendarmerie, il est torturé. Est-ce qu’on peut parler de manifestations politiques dans ce cas ? La torture n’a jamais été comprise dans notre loi, je l’ai dit en commission et en plénière», a-t-elle insisté lors de cette émission.

Pastef, qui avait promis l’abrogation de la loi d’amnistie une fois au pouvoir, a introduit une proposition de loi interprétative à la place. Celle-ci suscite des protestations, avec l’enchaînement d’appels à manifester le 2 avril, jour du vote de la loi. Des partis politiques et des organisations de la Société civile demandent le retrait de cette proposition de loi.
Par Dieynaba KANE – dkane@lequotuduen.sn