«L’affaire Aser n’est pas un simple dossier administratif : c’est un scandale qui illustre le fossé abyssal entre le slogan de «Jub-Jubal-Jubanti» et l’obstination d’un gouvernement à maintenir le voile sur un détournement potentiel de 37 milliards de F Cfa, malgré les inquiétudes exprimées par la Banco Santander le 30 septembre 2024. Si l’on peut ignorer les alertes des lanceurs d’alerte officiels, quel crédit pourra-t-on demain accorder aux lanceurs d’alerte anonymes ? (…) Comment expliquer que 37 milliards de F Cfa, que les contribuables sénégalais devront rembourser, se volatilisent comme une simple pièce égarée au marché ? Non, cet argent n’est pas perdu pour tout le monde. Des informations crédibles indiquent qu’une vingtaine de milliards seraient restés en Espagne et n’auraient jamais été transférés au Sénégal. Par ailleurs, un montant de 7 746 293 euros, soit 5 081 235 314 F Cfa, aurait servi au paiement de primes et cautions : avance de démarrage, avance sur dépenses engagées et garantie de bonne exécution. Quant au reliquat, chacun devine aisément à quoi il a pu servir, au vu de l’inaction flagrante des autorités face aux nombreuses alertes sur la disparition de fonds publics. Voilà bientôt un an que la Banco Santander a exprimé ses inquiétudes. Pendant ce temps, l’Aser, censée veiller sur ce projet et garantir la bonne utilisation des ressources, semble plutôt défendre l’entreprise Aee Power Epc. L’Aser avait le devoir de procéder aux décomptes, de réceptionner les villages électrifiés et de s’assurer du bon usage de l’enveloppe des 37 milliards. Elle a manqué à ses obligations. Qui accepterait une telle légèreté avec ses propres deniers ? Le Premier ministre du Sénégal a osé prendre le risque d’innocenter publiquement un de ses protégés. Peut-il prétendre ignorer quoi que ce soit de cette Asergate, lui qui, lorsqu’il était dans l’opposition, se vantait de tout connaître des affaires du pays ? L’homme le mieux informé après le Président peut-il sérieusement affirmer ne rien savoir ? Et pourquoi, lui qui se présentait naguère comme le dernier défenseur des deniers publics, n’a-t-il pas pris les dispositions nécessaires pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire ? Pour ma part, en tant que représentant du Peuple, je continuerai à exiger des comptes aux responsables et à défendre chaque franc de l’argent public. Au-delà de l’Assemblée nationale, la Justice doit se saisir de ce scandale, et je prendrai les dispositions nécessaires à cette fin.»