
Mamoudou Ibra Kane a reconnu une évolution dans le discours du Premier ministre, qu’il a jugé «plus posé et constructif que par le passé», lorsqu’il s’est agi de commenter l’intervention hier du Pm Ousmane Sonko en présentant le Plan de redressement économique et social.
Dans un message publié sur ses plateformes officielles, il s’est abstenu de toute réaction émotionnelle, estimant que «le sujet est trop sérieux pour verser dans l’émotion». Tout en saluant l’articulation entre le Plan de redressement et la Vision Sénégal 2050. Avant de soulever cependant plusieurs réserves de fond.
Par ailleurs, la prise de parole du Pm au sujet de la Base militaire de Rufisque ne l’a pas du tout agréé car, selon lui, c’est un dossier sensible sur lequel le chef du gouvernement aurait dû faire preuve de plus de retenue. «Le Pm a manqué de discrétion sur ce sujet», relève le président du mouvement «Demain, c’est maintenant», non sans rappeler que le dossier n’est pas tranché et qu’il reste soumis au veto fort de l’Armée, ainsi qu’à l’arbitrage du président de la République. Considérant que ce type de sujet, lié à la sécurité nationale, ne devrait pas faire l’objet d’une communication publique prématurée. Faisant état d’autres critiques autour de la gestion de la communication du gouvernement en parlant notamment de la manière dont les autorités ont rendu publiques certaines informations sur la situation financière du pays, il estime que les déclarations du Premier ministre et de son ministre de l’Economie, «reconnaissant que l’état des finances publiques a entraîné la suspension du programme avec le Fmi, un renchérissement de la dette et la dégradation de la signature financière du Sénégal», peuvent, selon lui, être perçues comme une démarche maladroite, voire irresponsable, malgré leur volonté affichée de transparence. «La transparence peut-elle justifier une communication qui affaiblit la position financière du pays sur le plan international ?», demande-t-il, tout en appelant le gouvernement à publier le rapport du cabinet Mazars et à clarifier ses positions avant le rendez-vous prévu avec le Fmi en fin août. Revenant sur d’autres sujets évoqués par le chef de l’Etat lors de la même période, notamment le paiement prolongé du loyer du Haut-conseil des collectivités territoriales (Hcct), bien que l’Etat soit propriétaire du bâtiment depuis 2014, Mamoudou Ibra Kane de s’interroger encore : «Qui en a profité ? Un remboursement a-t-il été effectué ? A quel montant ?» Avant de citer également l’affaire d’un contrat naval mentionné par le Président qui, selon lui, «interpelle à la fois l’actuel régime et celui de son prédécesseur».Tout en reconnaissant certains efforts structurels dans le plan «Jubbanti Koom», Mamoudou Ibra Kane ne manque pas de mettre en garde contre une communication précipitée, notamment sur les questions de défense, de diplomatie économique et de gouvernance financière. C’est ainsi que le leader du mouvement «Demain, c’est maintenant» appelle à une posture plus stratégique et responsable de la part du gouvernement face aux nombreux défis du redressement national.
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn