
Par Dieynaba KANE –
Mamadou Diop Decroix apprécie les voyages du Premier ministre et du président de la République en Chine. Le leader d’Aj-pads y voit une manière de «repenser les relations internationales du Sénégal», ce qui «était déjà devenu depuis longtemps une grosse priorité, mais le contexte actuel lui confère une plus grande acuité». Et Decroix d’expliquer : «C’est sous ce rapport qu’il convient d’analyser les voyages hors Sénégal de Ousmane Sonko dans la dernière période. Après s’être rendu au Mali, au Burkina, en Guinée Conakry et en Sierra-Leone, le Premier ministre, recevant son homologue du Congo à Dakar le 12 juin dernier, avait appelé à une diplomatie affranchie des «complexes coloniaux» et à une «redéfinition des priorités diplomatiques des pays africains, en mettant l’accent sur les relations intracontinentales».» Une telle orientation, fait savoir M. Diop, «mise en pratique serait assurément un premier renversement de portée stratégique». Ensuite, développe-t-il, «une première sortie hors d’Afrique réservée à la République populaire de Chine vient consacrer la deuxième rupture sur le front des relations internationales du Sénégal». Mamadou Diop Decroix qui apprécie cette démarche, soutient que «ce sont précisément ces nouveautés fondatrices qu’il nous faut saluer, encourager et accompagner». Et d’ajouter : «Les événements que nous vivons dans le moment présent à l’échelle mondiale ont définitivement ouvert les yeux à ceux qui étaient encore assoupis. Tout le monde sait à présent qu’il y a des puissances qui considèrent le génocide à Gaza pour le moins comme une question secondaire tout en reconnaissant à d’autres le droit de déclencher la guerre mondiale sous n’importe quel prétexte. C’est pourquoi le Sud global doit nous intéresser et en particulier la Chine sous tous rapports, particulièrement au regard de son parcours des sept dernières décennies.» D’après Decroix, «les nouvelles autorités sénégalaises affichent, sous ce rapport, une nette volonté de mettre en pratique la théorie du «marcher sur ses deux jambes»». Il s’agit, selon lui, de «déployer une politique africaine résolument inclusive et complémentaire comme corde principale de notre coopération et repenser les relations avec le reste du monde en donnant à la Chine la place qui est la sienne». Et le leader d’Aj/Pads d’indiquer : «Faut-il rappeler que lors de la visite d’Etat du Président Faye en septembre de l’année dernière, en dehors des 10 accords signés et de 27 milliards Cfa de don sans contrepartie, la Chine avait annoncé la mobilisation de 50 milliards de dollars soit 30 000 milliards Cfa pour l’Afrique. C’est dire que cette visite du Premier ministre est porteuse de beaucoup d’espoirs à court, moyen et long termes.» Par ailleurs, Mamadou Diop Decroix note que l’appellation sommet «Chine-Afrique» est impropre sauf si on ajoute un «s» à Afrique. Et d’expliquer : «On voyait d’un côté une seule et même délégation chinoise calme et disciplinée, et de l’autre, une cinquantaine de pays africains dispersés, aussi faibles les uns que les autres et pourtant potentiellement si riches, chacun avec sa délégation essayant de tirer les marrons du feu.» Pour lui, dans ces conditions, il faut être «ravi d’entendre le Premier ministre du Sénégal s’adresser à ses hôtes chinois en ces termes : «Ce que nous bâtissons aujourd’hui, c’est une Afrique souveraine et prospère.»».
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