
Le remplacement de la Commission nationale électorale autonome (Cena) par une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) est annoncé à l’issue du Dialogue national. C’est ce qu’a fait savoir Mamadou Seck, président de la Commission en charge du processus électoral, sans préciser le nom que portera ce nouvel organe.Par Amadou MBODJI –
La mise en place d’un organe plus indépendant que la Cena dans l’organisation des élections au Sénegal. La Ceni avait été désignée par le chef de l’Etat pour remplir cette fonction.
Mamadou Seck, président de la Commission en charge du processus électoral, a fait cas de ce changement sans apporter de précision sur le nom que portera ce nouvel organe. Il l’a fait savoir hier sur les ondes de la Rfm dans l’émission «Grand Jury du dimanche». «D’ailleurs, on fait un peu un abus de langage en disant que ça va être une Ceni qui va remplacer la Cena. C’est plutôt un organe, qui peut être Ceni ou autre, qui va remplacer l’administration électorale plus la Cena. Puisque ici, au Sénégal, c’est ça la particularité, c’est que c’est l’administration qui organise, qui gère le processus. La Cena supervise le processus. Maintenant, on a vu toutes les difficultés qu’il y a eu, à tort ou à raison. Puisque moi, je dis que les dernières élections législatives confiées à l’administration ont été les mieux organisées depuis très longtemps.
C’est dire que si on les laisse travailler sans trop de controverses, sans pression, etc., ils produisent d’excellents résultats, un excellent travail, comme lors des dernières élections législatives», fait savoir M. Seck.
Avec cet éventuel changement, le processus électoral ne s’en portera que mieux. «Maintenant, après, je comprends qu’on veuille définitivement lever les équivoques et suspicions. Ce qui a fait qu’on peut désormais sortir l’organisation de toute forme de tutelle politique. Ça, ça peut être quand même une avancée majeure qui nous permettra définitivement de laisser tenir le débat autour des nominations d’un Directeur général des élections par exemple, ou d’un ministre de l’Intérieur politiquement encarté. Et là, si on sort l’organe des élections de cette tutelle, cela peut constituer une avancée majeure», poursuit M. Seck.
Ce nouvel organe va régler le problème relatif à la supervision. «On peut aussi régler la question de la supervision. La Cena, qui a un pouvoir d’autosaisine, de substitution, de sanctions, etc., on a vu ce qui s’est passé l’année dernière quand il a usé de son pouvoir d’autosaisine et de substitution. On a vu que l’Exécutif a arrêté le mandat des membres de la Cena. Donc, avec un nouvel organe de gestion qui nous prémunira de ces risques-là, il ne nous faudra qu’améliorer un peu le modèle. Et dernière incongruité, c’est que vous savez que dans le modèle, l’administration, comme je l’ai dit, organise, la Cena supervise. Mais le budget de la Cena dépend de celui de l’administration qu’elle est censée superviser. Donc, c’est une incongruité. Et si vous voyez bien, l’un des accords, c’est d’arriver à un organe de gestion qui aura son autonomie financière aussi. Donc, c’est dire que si on arrive à ça, on aura quand même fait des pas assez importants dans l’amélioration de notre modèle électoral», explique-t-il. Ce n’est que ce changement d’organe de supervision qui est dans l’air du temps, on parle également du droit de vote des détenus qui n’est pas définitivement retenu comme l’un des points d’accord majeurs issus du Dialogue national sur le système politique sénégalais. «Tout détenu qui n’est pas définitivement condamné conserve son droit de vote», argue ce politologue pour justifier cette mesure. Ce dernier précise que l’accord de principe a été obtenu à l’unanimité par les acteurs politiques et de la Société civile participant au dialogue. Il ne reste désormais qu’à entamer des discussions techniques pour définir les modalités pratiques de cette réforme, à en croire le président de la Commission en charge du processus électoral, qui souligne que l’objectif est de l’intégrer dans le cadre de l’élection présidentielle à venir.
Au sujet de la mise en œuvre des recommandations issues de ce dialogue, Mamadou Seck de se montrer optimiste. «Les perspectives sont positives.» Il a annoncé que suite à la remise du rapport définitif du dialogue, un comité restreint sera mis sur pied pour assurer le suivi des conclusions et veiller à leur concrétisation. La question du vote des détenus, souvent considérée comme taboue ou marginale dans de nombreuses démocraties africaines, semble donc trouver une issue favorable au Sénégal. Une réforme qui, si elle se concrétise, pourrait renforcer davantage l’inclusivité et le respect des droits civiques dans le système électoral national.
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