
Thierno Bocoum s’insurge contre le régime au sujet de la loi de finances initiale de 2025, en reprochant à celle-ci de s’appuyer «sur des données de 2023, alors même que ces chiffres ont été vivement contestés par ceux qui nous dirigent». Le leader de l’Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir) reconnaît par ailleurs deux avancées relatives à la liberté d’expression, notamment l’ouverture amorcée par la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts) dont il était l’invité, et la décision de la Cour suprême en faveur de la journaliste Aïssatou Diop Fall. Par Amadou MBODJI –
Thierno Bocoum ne lâche pas d’une semelle le régime en place. Le leader de l’Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir) critique les tenants du pouvoir en attaquant la Loi de finances initiale 2025. Cette dite loi, souligne-il, «s’appuie sur les données de 2023, alors même que ces chiffres ont été vivement contestés par ceux qui nous dirigent».
«Aucun travail de sincérisation budgétaire n’a été fait après le verdict financier de la Cour des comptes. Aucune loi de finances rectificative n’a été déposée pour ajuster la trajectoire économique à la réalité. On continue simplement, comme si de rien n’était, avec des chiffres déclarés erronés, des écarts non corrigés et des engagements vagues. Dans ce contexte, la prétendue Vision 2050 présentée récemment apparaît comme un exercice de projection vide», assène le président d’Agir-Les leaders. Et ce dernier de s’interroger sur «comment prétendre planifier les 25 prochaines années d’un pays quand on refuse d’assainir les comptes hérités de l’année précédente». C’est ainsi qu’il poursuit en disant : «Comment prétendre tracer des lignes stratégiques d’ici 2050 quand on ne publie même pas les rapports trimestriels d’exécution budgétaire en 2025 ? Il est impossible de parler de cap quand on navigue à vue. Il ne suffit pas de dire qu’on veut rompre avec les pratiques d’hier.»
Thierno Bocoum attend de voir le régime faire parler sa force de proposition. «Encore faut-il avoir quelque chose à proposer en retour. Jusqu’ici, ce qui est proposé n’est ni structuré, ni crédible, ni durable. Le Sénégal mérite mieux que des incantations. Il mérite un cap clair, des chiffres sincères et un projet de société solide, construit pour les citoyens et non contre la vérité», défend-il.
Bocoum salue par ailleurs deux avancées majeures pour la liberté d’expression au Sénégal. Les deux avancées tournent autour de l’ouverture amorcée par la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts) et la décision de la Cour suprême en faveur de la journaliste Aïssatou Diop Fall. Le politicien fait référence à la décision du juge des référés de la Cour suprême qui a ordonné, avant-hier, la suspension de la notification de cessation de parution du média Public Sn de la journaliste Aïssatou Diop Fall. Une notification qu’avait prise le ministère de la Communication à l’encontre de certains médias. Dans la foulée, Thierno Bocoum affiche un satisfecit par rapport au verdict rendu en faveur de Aïssatou Diop Fall, tout en estimant que ce jugement constitue «un acte politique majeur au sens noble du terme. Il rappelle que la Justice peut et doit être un rempart contre l’abus d’autorité».
Parlant de son invitation à la Rts dans l’émission «Champ contre champ», diffusée avant-hier, Bocoum souligne que c’est un droit. «L’invitation que j’ai reçue à la Rts n’est pas un privilège.
C’est le rétablissement d’un droit fondamental, celui pour chaque citoyen d’accéder à une information équilibrée», souligne l’ancien du parti Rewmi. C’est sous cet angle qu’il fait ressortir l’importance d’un service public médiatique inclusif et accessible à toutes les voix.
Le leader d’Agir appelle tout de même à rester vigilant pour garantir la pérennité de ces avancées, non sans affirmer que «la liberté d’expression ne saurait être un moment. Elle doit être un principe. Et les principes, en République, ne doivent jamais dépendre de la seule volonté des hommes».
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