
L’ancien ministre du Développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale, Mansour Faye, continue de ruer dans les brancards sur son interdiction de sortie du territoire dont la notification a été signée par le ministre de l’Intérieur, Jean-Baptiste Tine, le 15 avril 2025. Officiellement saisi de la notification qui lui a été remise hier par les agents de la Division des investigations criminelles (Dic), le maire de Saint-Louis dit n’avoir rien à se reprocher. Au moment où sont déclenchées les enquêtes sur la gestion du fonds Covid-19, avec l’arrestation d’anciens hauts fonctionnaires de l’Etat.Par Amadou MBODJI –
Le bras de fer entre le régime actuel et l’ancien ministre Mansour Faye se poursuit. Un bras de fer provoqué par l’interdiction de sortie du territoire du maire de Saint-Louis jusqu’à nouvel ordre datée du 15 avril 2025 et signée par Jean-Baptiste Tine, le ministre de l’Intérieur. Le document paraphé par ce dernier fait suite à une correspondance du Procureur général près la Cour d’appel de Dakar datée du 10 avril 2025, sollicitant une telle mesure.
Désormais, ce document officiel précise que le Directeur général de la Police nationale ainsi que le Haut-commandant de la Gendarmerie nationale sont chargés de son exécution.
Réagissant avec virulence à cette mesure qui le frappe, l’ancien ministre Mansour Faye continue de contester vigoureusement cette décision administrative. Plaidant ainsi son innocence dans le cadre de la reddition des comptes, le maire de Saint-Louis admet qu’il n’a été épinglé par aucun rapport des corps de contrôle. Une réaction faite après la publication de la notification par lui-même sur sa page Facebook. «Tout ça pour ça ! J’en rigole… Aux professionnels du Droit, aux facultés de Droit et autres hommes, femmes de Droit… vos commentaires, Svp ! Je rappelle ceci : je suis un ancien ministre qui, par l’article 101 de la Constitution, dans l’exercice de ses fonctions, bénéficie du privilège de juridiction. Encore une fois, il n’y a aucun rapport des corps de contrôle de l’Etat qui a demandé l’ouverture d’une information judiciaire sur mon humble personne», a écrit, hier, le beau-frère de l’ancien Président Macky Sall sur sa page Facebook. Et de poursuivre : «Alors, je prie M. le ministre de l’Intérieur du gouvernement de Sas «demi-dieu», Général de corps d’Armée, ancien Haut-commandant de la gendarmerie et directeur de la Justice militaire, de me dire et de dire aux Sénégalais, quel est le texte en vigueur au Sénégal qui lui donne le droit de me notifier, par arrêté, une telle scandaleuse décision, sans aucune forme d’explication ou de justification ?» Mansour Faye dit être victime d’acharnement de la part du régime actuel. «Dois-je comprendre que le Sénégal n’est plus un Etat de Droit ? Que nous ne sommes plus en République ? Ou simplement, l’acharnement que je subis, cache maladroitement une intention malsaine à la limite de l’agression ciblée ? Les Sénégalais voient… et l’histoire retiendra !»
L’affaire remonte au 10 mars 2025, lorsque Mansour Faye avait été empêché d’embarquer à l’Aéroport international Blaise Diagne alors qu’il devait se rendre à Djeddah, via la France, au chevet de sa mère malade. Cela avait déclenché la colère de sa sœur, Marème Faye Sall, l’ancienne Première Dame, qui s’en était offusquée. Quelques jours plus tard, son frère subissait une nouvelle interdiction, cette fois alors qu’il tentait de rejoindre Abidjan par la compagnie Air Ivoire.
Le Juge des référés liberté avait ordonné la levée de l’interdiction de voyage imposée à Mansour Faye. La notification d’interdiction de sortie lui a été officiellement remise au moment où des enquêtes sont menées autour de la gestion du fonds Covid-19, avec l’arrestation d’anciens hauts fonctionnaires de l’Etat.
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